Nos prêtres dans le paysage sherbrookois : Mgr Antoine Racine

La ville de Sherbrooke compte près de 2 400 toponymies différentes pour désigner ses rues, ses ponts et ses parcs. Parmi ces multiples toponymes, certains d’entre eux rendent hommage à quelques religieux qui ont marqué l’histoire de Sherbrooke et de ses environs.  À travers une série de six articles, de brefs portraits de quelques figures religieuses notoires derrière certains toponymes de la ville de Sherbrooke seront mis en lumière. Le premier article porte sur le premier évêque de Sherbrooke : Mgr Antoine Racine.

L’abbé Antoine Racine au diocèse de Québec (1844-1874)

Antoine Racine est né le 26 janvier 1822 à Saint-Ambroise-de-la-Jeune-Lorette. À la suite de son ordination le 12 septembre 1844 à la Cathédrale de Québec, l’abbé Racine occupe divers postes dans quelques paroisses des environs de Québec avant de s’installer à Sherbrooke. Il a été notamment vicaire à La Malbaie, puis le premier curé de Stanfold à partir de 1848. Le curé Racine a eu un impact immense dans cette région, car tout était à bâtir : de la sacristie jusqu’à une chapelle accueillante et fonctionnelle. La population de Stanfold a grandement apprécié leur premier curé ainsi que tout ce qu’il a fait pour eux. C’est avec regret que cette population, en 1851, se voit assigner un nouveau curé, signifiant le départ de l’abbé Racine pour d’autres défis.

Cérémonie d’intronisation de Mgr Antoine Racine à la Cathédrale de Québec, 1874, versement 94-79-11

Mgr Antoine Racine, Évêque de Sherbrooke (1874-1893)

C’est en 1874 que ce dernier s’établit à Sherbrooke, où il sera consacré évêque du nouveau diocèse le 18 octobre de la même année. Fondateur du diocèse de Sherbrooke, il est à l’origine de nombreuses réalisations. Parmi celles-ci, notons la fondation du Séminaire Saint-Charles-Borromée en 1875, qui est d’ailleurs toujours en activité de nos jours sous le nom du Séminaire de Sherbrooke. Mgr Antoine Racine a occupé dans cet établissement la fonction de supérieur pendant 4 ans et celui de professeur pendant 10 ans. Lors de ses sept premières années de professorat, il a enseigné la théologie morale, avant de passer trois années à l’enseignement de la théologie dogmatique.

« Son enseignement clair, précis et pratique était facilement saisi par ses élèves qu’il encourageait aussi au travail par ses paroles et son exemple »

Annuaire du Séminaire Saint-Charles-Borromée de Sherbrooke, 1893-1894. vol. 3, n°19, p. 221.

lllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllllll

Toujours au cours de l’année 1875, Mgr Racine souhaitait avoir un hôpital pour les soins des malades. C’est sur son invitation que les Sœurs de la Charité de Saint-Hyacinthe, plus connues sous le nom de Sœurs Grises, arrivent à Sherbrooke pour prendre en charge le nouvel Hospice du Sacré-Cœur. Toujours dans l’idée de développer le diocèse et d’accroire la présence catholique dans un territoire jusque-là surtout protestant et anglophone, le premier évêque de Sherbrooke invitera diverses communautés religieuses à s’établir dans la région, notamment les Sœurs de la Présentation de Marie à Coaticook, les Frères du Sacré-Cœur à Sherbrooke et les Ursulines à Stanstead. Mgr Racine participa également à la fondation de la Société de colonisation de Sherbrooke en 1881. Cette organisation, dont le principal objectif était d’attirer de nouveaux colons, a grandement contribué au développement des infrastructures de la région. Par exemple, cette dernière a permis la construction de chemins dans les régions plus pauvres et éloignées des Cantons de l’Est en plus de ponts indispensables pour les déplacements. Cette société a également aidé à la réparation ou la construction de monuments religieux comme les églises. Mgr Antoine Racine s’éteindra le 17 juillet 1893 à Sherbrooke, à l’âge de 72 ans, laissant le jeune diocèse de Sherbrooke avec plus de 54 paroisses actives. 

Dans le quotidien, le premier évêque de Sherbrooke était un homme persévérant, débrouillard et extrêmement travaillant.  Plusieurs personnes ayant eu la chance de le côtoyer disaient de Mgr Antoine Racine qu’il était un bourreau de travail infatigable. En effet, ce dernier restait très actif et s’informait continuellement de tous les projets dont il était à l’origine. De plus, il était à l’écoute de l’autre en plus d’être toujours prêt à aider autrui. Tant les catholiques que les protestants tenaient en respect et en grande estime cet homme en plus de lui vouer une immense confiance. Le premier évêque de Sherbrooke avait un jugement profond et il était excessivement cultivé. Mgr Racine était également un grand orateur, un homme d’ordre et de vertus.

Portrait de Mgr Antoine Racine, [18-], SPA1202.004

« Son esprit était essentiellement droit. Il voulait le bien. Quand il croyait l’avoir, il le poursuivait avec toute l’ardeur de ses convictions; aucun obstacle, aucune considération ne l’arrêtait; pour lui, de l’idée à l’action, il n’y avait qu’un pas. Je [abbé J.B. Proulx] puis dire qu’il a été le soldat, le chevalier de la vérité »

Le Progrès de l’Est, 28 juillet 1893

Mgr Antoine Racine dans la toponymie

Il est difficile de quantifier tout l’héritage que Mgr Racine a laissé à la population du diocèse. Ses actions ont amené de nombreux organismes à offrir des services sociaux et spirituels à la population, permettant à la ville de prospérer. C’est pour rendre hommage à notre premier évêque que le Regroupement des Archives du Séminaire de Sherbrooke et de l’Archevêché de Sherbrooke a décidé de donner son nom au nouveau Centre d’archives Mgr-Antoine-Racine, inauguré en décembre 2016. Il est aussi possible de retrouver le toponyme Antoine-Racine dans la ville de Sherbrooke avec le parc Antoine-Racine, situé au centre-ville de Sherbrooke, près de la rue Ball. Ce parc a officiellement pris ce nom le 5 juin 2001. Hors de la ville, à quelques kilomètres de Sherbrooke, la municipalité de Racine a été nommée en l’honneur du premier évêque de Sherbrooke. En 1885, ce toponyme était seulement attribué au bureau de poste. C’est avec le temps que le nom de Racine a fini par identifier l’ensemble de la municipalité.

klkl

Joanie Lavoie, Bénévole au Centre d’archives Mgr-Antoine-Racine


Références :

Gouvernement du Québec. Commission de toponymie [site Web], 2012. Consulté le 1er juin 2021. <https://toponymie.gouv.qc.ca/ct/ToposWeb/Fiche.aspx?no_seq=367693 >.

Municipalité de Racine. Histoire et patrimoine [site Web], 2021. Consulté le 6 juillet 2021. <https://municipalite.racine.qc.ca/gestion-municipale/histoire-et-patrimoine >.

Ville de Sherbrooke. Vie municipale [site Web], 2020. Consulté le 7 avril 2021. <https://www.sherbrooke.ca/fr/vie-municipale/planification-et-amenagement-du-territoire/toponymie >.

Sources consultées au Centre d’archives Mgr-Antoine-Racine :

Obituaire du clergé 1874-1993, 1994, Fonds Archevêché de Sherbrooke (A4,SH4).

Album des coupures de presse parus lors du décès de Mgr Antoine Racine, 1893, Fond Antoine Racine (P1005/8.1C).

Annuaire du Séminaire Saint-Charles-Borromée de Sherbrooke, 1893-1894, vol.3, n°19, Fonds Séminaire de Sherbrooke (S7130).