Nos prêtres dans le paysage sherbrookois : Mgr Paul LaRocque

La ville de Sherbrooke compte près de 2 400 toponymies différentes pour désigner ses rues, ses ponts et ses parcs. Parmi ces multiples toponymes, certains d’entre eux rendent hommage à quelques religieux qui ont marqué l’histoire de Sherbrooke et de ses environs.  À travers une série de six articles, de brefs portraits de quelques figures religieuses notoires derrière certains toponymes de la ville de Sherbrooke seront mis en lumière. Le second article est consacré au deuxième évêque de Sherbrooke : Mgr Paul-Stanislas LaRocque. 

L’abbé Paul-Stanislas LaRocque en Floride (1869-1880)

Paul-Stanislas LaRocque voit le jour le 27 octobre 1846 à Sainte-Marie-de-Monnoir. Avant son ordination, il a été pro-secrétaire et maitre des cérémonies à l’évêché de Saint-Hyacinthe (1867), puis à Beloeil à en Montérégie (1868-1869). Une fois ordonné prêtre dans la chapelle de l’Hôtel Dieu à Montréal le 9 mai 1869, il est envoyé à Key West, en Floride, dans un premier temps comme missionnaire (1869-1875), puis comme curé (1875-1880). Le long séjour de Mgr LaRocque au sud des États-Unis devait lui permettre d’améliorer sa santé précaire, grâce au climat plus doux, tout en continuant d’exercer ses fonctions.

« Son énergie, sa piété, son grand esprit de foi, son dévouement sans borne rendirent son ministère fécond et contribuèrent dans une large mesure à faire respecter la religion catholique au milieu des différentes sectes religieuses qui se partageaient les habitants de l’île. L’autorité de sa parole suffit en maintes occasions pour jeter dans les âmes droites et sincères les lumières de la vraie foi. »

Annuaire du Séminaire Saint-Charles-Borromée de Sherbrooke, année académique 1893-1894. vol. 3, n°19, p. 244-245.

Mgr Paul-Stanislas LaRocque, Évêque de Sherbrooke (1893-1926)

Portrait de Mgr Paul LaRocque, [1893], APA170.002

Une fois sa santé rétablie, le futur évêque de Sherbrooke part étudier à Rome la théologie ainsi que le droit canon (1880-1883). Il a ensuite pris une année afin de visiter les lieux saints et les principales villes d’Europe. À son retour du vieux continent, il reçoit la charge de curé à la cathédrale de Saint-Hyacinthe (1885-1893). Durant ces années, cet homme s’est donné corps et âme à la réalisation de ses fonctions, compromettant sa frêle santé plus d’une fois. 

C’est le 30 novembre 1893 que Mgr LaRocque est devenu officiellement le deuxième évêque de Sherbrooke. Durant les 33 années de son mandat épiscopal, Mgr LaRocque invite plusieurs communautés à s’établir dans la région de l’Estrie, comme les Petites Sœurs de la Sainte-Famille à Sherbrooke (1898), les Sœurs de la Présentation de Marie à Sutton et à Stanhope (1903), les Filles de la Charité du Sacré-Cœur de Jésus à Magog (1907) ainsi les Bénédictins (1912) pour n’en nommer que quelques-uns. Participant activement au développement spirituel de son diocèse, Mgr LaRocque a également érigé trois sanctuaires diocésains :  Sainte-Anne-de-la-Rochelle (1897) dans l’actuelle MRC du Val-Saint-François, Saint-Gérard (1905) dans la municipalité de Weedon et le Sacré-Cœur de Beauvoir (1920), situé dans la ville de Sherbrooke.

C’est également ce dernier qui lance les travaux pour la construction d’un nouvel évêché et d’une nouvelle cathédrale à Sherbrooke. Après de longues démarches pour obtenir les autorisations et le financement, c’est à l’automne 1915 que la construction de la cathédrale et du nouvel évêché commence. Le site choisi est le même que l’évêché de l’époque. Pendant la démolition et la construction, tout le personnel et l’évêché ont été déplacés temporairement à la Maison Chicoyne, située près de l’intersection de la rue Marquette et Frontenac. Le chantier de l’évêché se termine en 1919. Pour leur part, les travaux de la cathédrale ont été interrompus. Seule la chapelle Pauline est achevée à ce moment-là. Ce n’est que quarante ans plus tard, en 1957, que la cathédrale Saint-Michel est complétée.

Mgr Paul LaRocque à l’occasion de son double jubilé sacerdotal et épiscopal, 7 mai 1919, Versement 2001-048-3

« Monseigneur avait la politesse d’un grand seigneur; il ne se dispensait pas, sans un motif sérieux, de se rendre à une invitation reçue, et cela, nonobstant la distance et nonobstant l’incommodité qui devait en résulter pour lui de ces déplacements fréquents. Son médiocre état de santé lui eut cependant été un prétexte plausible à plus d’une abstention; il ne s’en servit que rarement. »

Annuaire du Séminaire Saint-Charles-Borromée de Sherbrooke, année académique 1926-1927. vol. 10, n°2, p. 353.  

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À la lecture des documents d’archives, nous apprenons que Mgr LaRocque était un homme, sans être un grand orateur, qui s’exprimait bien. En plus de posséder un vocabulaire riche et varié, un autre de ses atouts était son bilinguisme remarquable. Le second évêque de Sherbrooke était reconnu pour être un homme que ne punissait que tardivement, mais pardonnait rapidement. Grand optimiste, il était capable d’inspirer la confiance aux plus réservés en plus d’être toujours disponible pour son prochain.

C’est au cours de la journée du 15 août 1926 que décède, à Sherbrooke, Mgr Paul LaRocque. Dans un article de La Tribune de Sherbrooke daté du 18 août 1926, le premier ministre de la province du Québec, Louis-Alexandre Taschereau, dira que : « La province de Québec perd en Mgr LaRocque un de ses fils les plus éminents et elle gardera fidèlement la mémoire des œuvres admirables dont il a enrichi le diocèse de Sherbrooke. » Il laisse certainement un diocèse consolidé, notamment par l’érection canonique de plus de 37 paroisses durant son épiscopat.

Mgr Paul-Stanislas LaRocque dans la toponymie

Afin de perpétuer la mémoire de ce grand homme religieux qui a considérablement contribué au développement de Sherbrooke, le toponyme LaRocque est utilisé pour identifier une rue (située près de la rue Galt Ouest) et une école primaire situé sur la rue du même nom. La dénomination  de la rue a été officialisé le 5 mars 1993 et celui de l’école primaire a été nommée ainsi dès sa création en 1913. Monseigneur LaRocque est un excellent exemple de persévérance et de résilience. En effet, malgré son état de santé précaire, le second évêque de Sherbrooke s’est donné corps et âme dans l’amélioration et la construction de son diocèse en plus d’être présent et accessible pour les fidèles. 

Joanie Lavoie

Bénévole au Centre d’archives Mgr-Antoine-Racine

Référence :

BARIL, Gilles, dir. « Monseigneur Paul LaRocque 1893-1926 ». Dans Une Église entre lacs et montagnes: Archidiocèse de Sherbrooke, 1874-2010. Sherbrooke, Québec, Corporation épiscopale catholique romaine de Sherbrooke, 2010, p. 34- 55.

BARIL, Gilles, dir. « Monseigneur Georges Cabana 1952-1968 ». Dans Une Église entre lacs et montagnes: Archidiocèse de Sherbrooke, 1874-2010. Sherbrooke, Québec, Corporation épiscopale catholique romaine de Sherbrooke, 2010, p. 90.

DUBOIS-CAMPAGNA, Alexis. « Une brève histoire de l’école primaire LaRocque ». Dans Histoire de la Commission scolaire de la Région-de-Sherbrooke: 1876-2011, 135 ans d’histoire ! Sherbrooke, Commission scolaire de la Région -de- Sherbrooke, 2012, p.100-102.

Gouvernement du Québec. Commission de toponymie [site Web], 2012. Consulté le 1er juin 2021. https://toponymie.gouv.qc.ca/ct/ToposWeb/Fiche.aspx?no_seq=284192.

Sanctuaire de Sacré-Cœur de Beauvoir. Histoire du Sanctuaire [site Web]. Février 2009. Consulté le 7 avril 2021. https://sanctuairedebeauvoir.qc.ca/histoire-du-sanctuaire/.

Source :

Archevêché de Sherbrooke.  Obituaire du clergé 1874-1993. Sherbrooke, Archevêché de Sherbrooke, 1994, p. 38.

Séminaire Saint-Charles-Borromée. Annuaire du Séminaire Saint-Charles-Borromée de Sherbrooke, année académique 1893-1894. vol. 3, n°19, p. 241- 261.

Séminaire Saint-Charles-Borromée. Annuaire du Séminaire Saint-Charles-Borromée de Sherbrooke, année académique 1926-1927. vol. 10, n°2, p. 341- 370.

Sherbrooke. Centre d’archives Mgr-Antoine-Racine. A13, SK45/1, Fonds Archevêché de Sherbrooke, Série Magistère, Sous-série Affaires scolaires de la paroisse Immaculée-Conception-de-la-Très-Sainte-Vierge-Marie de Sherbrooke.

Sherbrooke. Centre d’archives Mgr-Antoine-Racine. P1004/8.2, Fonds Paul-Stanislas LaRocque.