Faits insolites: L’abbé Edmond Lacombe

Par Audrey Lagacé

Pierre-Charles-Edmond Lacombe est né le 30 juin 1873 à Saint-Polycarpe, près de Vaudreuil, du couple composé d’Alphonse Lacombe et de Cléophée Lefebvre. Il est décédé le 23 mars 1935 à l’hôpital Notre-Dame de la Merci à Montréal. Outre ses informations et celles recueillies lors de son passage dans le diocèse de Sherbrooke, sa vie nous est presque inconnue. Toutefois, il a été, à un moment dans sa vie, prêtre à Montréal ainsi que dans les diocèses américains de Mobile en Alabama et de Baltimore dans le Maryland.

Sa carrière dans le Diocèse de Sherbrooke

Première chapelle de Nantes, vue de côté, 1910, Versement 2008-026-7

La première trace de son arrivée à Sherbrooke date du 27 septembre 1921 alors que Mgr Paul LaRocque le nomme desservant de la mission Notre-Dame-du-Bon-Conseil de Springhill (maintenant appelé Nantes) et vicaire de la paroisse Sainte-Agnès de Mégantic. En 1922, Springhill devient officiellement une paroisse et, par conséquent, Lacombe est officiellement nommé curé le 25 novembre de la même année. Il quitte donc Mégantic, mais devient desservant de Saint-Ambroise de Milan. Le 2 avril 1923, il quitte les deux positions qu’il occupait pour une nouvelle nomination donnée par Mgr LaRocque. Il arrive donc le 15 mai 1923 à Saint-Jacques-le-Majeur. Il reste dans cette paroisse jusqu’au début du mois de mai 1924 avant de partir pour une nouvelle paroisse extérieure au diocèse.

L’abbé Lacombe?

Jusqu’à maintenant, ce récit de vie n’a rien de bien extraordinaire puisqu’il s’apparente au quotidien d’un jeune prêtre des débuts des années 1920. Pourtant, cette histoire n’est pas ordinaire puisqu’il s’agit de celle du prêtre-imposteur du diocèse! Ce n’est qu’après presque quatre ans que notre protagoniste est démasqué. En effet, un jeune prêtre en visite dans la paroisse aurait assisté à une messe donnée par Lacombe et aurait remarqué que ce dernier n’incluait pas tous les gestes liturgiques et passait outre son bréviaire un peu trop souvent. Le jeune visiteur avertit donc un confrère et la nouvelle se rend aux oreilles de l’évêque. Lacombe quitte donc Saint-Jacques-le-Majeur plutôt abruptement en 1924. Il faut cependant attendre 1925 pour que la nouvelle soit publiée plus largement dans les diocèses des États-Unis et du Canada par le biais d’un monitum (avertissement) de l’Acte du Siège apostolique. Cet avertissement précise d’ailleurs que l’homme avait utilisé plusieurs noms : La Combe, Le Compte et La Compe.

Qui est donc monsieur Lacombe?

Signature de monsieur Lacombe sur un document attestant qu’un avis de l’évêque a été lu pendant la messe et affiché pour les paroissiens, 1923, FP101/2.1.3

Considérant le subterfuge, il serait peut-être plus exact de lui attribuer le titre de professeur, puisque l’on croyait qu’il enseignait la théologie. Cependant, presque aucun des détails de sa vie ne sont connus et de source certaine. Un ancien paroissien raconte que Lacombe, dans différentes conversations, lui a appris que son frère avait été prêtre, mais qu’il était décédé pendant la Première Guerre mondiale et que sa mère était une femme très aisée. Cependant, il est impossible d’établir une ligne du temps précise puisqu’il disparait de 1924 à 1935. Il ne réapparait qu’une semaine avant son décès alors qu’il est hospitalisé.

Stèle en l’honneur des curés de la paroisse de Notre-Dame-du-Bon-Conseil de Nantes, [après 2005], Versement : 2022-050-48

Les conséquences d’une telle imposture

Les conséquences immédiates des agissements de Lacombe se sont fait sentir dans les paroisses où il a faussement pratiqué des baptêmes, des mariages et des funérailles. À Notre-Dame-du-Bon-Conseil, l’abbé Roméo Côté à décider de reprendre les baptêmes d’une quinzaine d’enfants pour s’assurer que le sacrement soit reconnu sans doute possible. Sur une stèle en mémoire des curés de Milan, le nom de Lacombe n’apparait pas alors qu’il aurait dû être le premier. Aucune photo de lui ne se trouve dans les archives et très peu de documents le concernent. Pierre-Charles-Edmond Lacombe semble avoir voyagé de nombreuses fois dans de nombreux coins de l’Amérique du Nord et il est difficile de suivre sa trace entre ses nombreux noms, la documentation étant éparse et peu significative.

Références 

Fonds Archevêché de Sherbrooke, Index général 1874-1940, pages 281, 384 et 408, 2022-017-19.

Fonds Archevêché de Sherbrooke, Registre des lettres vol. III, pages 200, 234 et 235, 2022-017-14.

Fonds Archevêché de Sherbrooke, Biographies du clergé, 2022-017-3.

Fonds Gilles Baril, coupure de presse d’un article de la Tribune, « Un imposteur », 13 septembre 1986, 2022-050-48.

Autobiographie Mgr Gravel p.19

Fonds Archevêché de Sherbrooke, Journal Le Messager St-Michel du 2 octobre 1921, nº202, p.1, A4,SH1.

Fonds Archevêché de Sherbrooke, Journal Le Messager St-Michel du 26 novembre 1922,  nº261, p.2, A4,SH1.

Fonds Archevêché de Sherbrooke, Journal Le Messager St-Michel du 8 avril 1923, nº280, p.2, A4,SH1.

Fonds Archevêché de Sherbrooke, Journal Le Messager St-Michel du 11 mai 1924, nº336, p.2, A4,SH1.