L’Académie Saint-Pierre

Par Audrey Lagacé, technicienne aux archives

Membres de l’Académie Saint-Pierre du Séminaire Saint-Charles-Borromée de Sherbrooke, 1913, SPA1538.001

Le Séminaire Saint-Charles-Borromée a eu, à travers les années, beaucoup d’associations étudiantes qui permettaient aux élèves de se divertir, d’apprendre et de mettre en pratique leurs acquis. L’Académie Saint-Pierre fut l’une de ces associations qui a perduré plus de 85 ans au sein de l’établissement scolaire. Mais qu’est-ce que l’Académie Saint-Pierre ?

Constitution de l’Académie Saint-Pierre du Séminaire Saint-Charles-Borromée, page 1, [1901], P17.3/1

C’est le 18 octobre 1879 qu’est inaugurée l’Académie Saint-Pierre, à la suite des efforts conjugués des abbés Pierre Girard, supérieur du Séminaire, et Pierre Amédée Lefebvre. Le nom de l’académie a d’ailleurs été choisi en leur honneur. Réservée aux étudiants des classes de Philosophie, de Belles-Lettres et de Rhétorique, cette association a pour objectif d’amener les élèves à discuter et critiquer des compositions de leurs pairs ou d’auteurs connus, en plus de pratiquer des débats devant public pour défendre leurs idées en s’exprimant dans un français convenable. 

L’organisation de l’Académie Saint-Pierre ressemble quelque peu à l’Académie française, notamment par son processus d’élection des académiciens. Il y avait trois types de participation à l’Académie Saint-Pierre : les membres, les candidats et les académiciens. Les membres sont en fait tous les élèves du cours classique, et parfois, à titre de membre adjoint, les élèves de la classe affaires ou du cours industriel. Les membres peuvent assister aux séances et présenter des compositions littéraires ou des récitations. Lorsqu’ils présentent un essai littéraire ou une déclamation à l’académie durant l’année scolaire, ou la précédente, ils sont automatiquement électeurs. Les candidats, quant à eux, assistaient aux rencontres et devaient soumettre au moins un travail dont la qualité est « couronnée », c’est-à-dire, jugé d’une assez bonne qualité pour qu’il soit inscrit dans le cahier des « Couronnes académique », dans l’année pour pouvoir conserver leur position. Ils pouvaient voter et même aspirer à une place d’académicien lorsqu’une place se libérait.

Ruban du fauteuil Garneau de l’Académie Saint-Pierre, [19-], 2022-037-231o

Enfin, il y avait la fonction d’académicien qui occupait une place privilégiée au sein de l’organisation. Jusqu’en 1904, il n’y avait que dix places d’académicien, le nombre passe ensuite à douze. Pour devenir académicien, il fallait remplir certains critères d’excellence pour les travaux produits et être élu par les autres candidats. Les douze élus devaient continuer de produire des travaux, écrire dans le cahier de couronnes, participer aux élections et, en général, démontrer un comportement exemplaire au reste de l’académie, voir même aux autres étudiants. En échange de leurs devoirs, ils pouvaient être élus en tant que président, vice-président, secrétaire ou assistant secrétaire lors d’une élection secrète. Une fois élu, un fauteuil est assigné à l’académicien et son nom était écrit dans un cadre d’honneur duquel il ne sera jamais effacé, ce qui n’est pas sans rappeler le concept d’immortalité présent à l’Académie française. Les fauteuils de l’Académie Saint-Pierre sont un hommage à des hommes marquants pour la littérature du Québec. Ainsi, les noms des douze fauteuils étaient Crémazie, Garneau, Ferland, De Gaspé, Turcotte, Provancher, Chauveau, Holmes, Faucher de Saint-Maurice, Loranger, Casgrain et Buies.

L’Académie Saint-Pierre a perduré durant de nombreuses années. Cependant, un lent déclin s’amorce jusqu’à l’année scolaire 1964-1965, où il n’y a qu’une seule personne inscrite[1]. L’année suivante, l’Académie apparait, mais sans aucun nom de participants[2]. Finalement, pour l’année scolaire 1966-1967, l’Académie Saint-Pierre n’apparait tout simplement plus dans la liste des comités étudiants[3].

Détail du cadre de l’Académie Saint-Pierre du Séminaire Saint-Charles-Borromée avec le nom des Académiciens, 1903-1938, P17.3

[1] « Ordo des élèves », Séminaire de Sherbrooke, 1964-1965, p.22

[2] « Ordo des élèves », Séminaire de Sherbrooke, 1965-1966, p.10

[3] « Ordo des élèves », Séminaire de Sherbrooke, 1966-1967, p.70