Nos prêtres dans le paysage sherbrookois : Mgr Jean-Marie Fortier

La ville de Sherbrooke compte près de 2 400 toponymies différentes pour désigner ses rues, ses ponts et ses parcs. Parmi ces multiples toponymes, certains d’entre eux rendent hommage à quelques religieux qui ont marqué l’histoire de Sherbrooke et de ses environs.  À travers une série de six articles, de brefs portraits de quelques figures religieuses notoires derrière certains toponymes de la ville de Sherbrooke seront mis en lumière. Le dernier article de cette série est consacré au sixième évêque de Sherbrooke : Mgr Jean-Marie Fortier.

Mgr Jean-Marie Fortier avant Sherbrooke  

Portrait de Mgr Fortier, nouvel évêque de Gaspé, 1965, APC139.039

C’est le 1er juillet 1920 que Jean-Marie Fortier voit le jour à Saint-Jean-Baptiste de Québec. Il a réalisé ses études au Petit Séminaire de Québec et au Grand Séminaire de Québec. Son ordination a eu lieu le 16 juin 1944 à la cathédrale Notre-Dame de Québec. Après son ordination, ce dernier a été notamment secrétaire de l’Union missionnaire (1945), vice-postulateur de la cause de béatification de bienheureux François Laval (1952) et professeur d’histoire de l’Église (1950-1960) en plus d’être directeur spirituel du Grand Séminaire de Québec (1955-1960). Dans le but de perfectionner ses connaissances en histoire de l’Église, l’abbé Fortier a étudié à Louvain ainsi qu’à Rome de 1946 à 1950, soit juste avant son entrée professionnelle au Grand Séminaire. En 1960, il devient l’évêque auxiliaire de Saint-Anne-de-la-Pocatière. L’année suivante et jusqu’en 1965, Mgr Fortier occupe le poste d’évêque de celle-ci. Ce dernier est par la suite appelé en Gaspésie, afin d’être l’évêque de Gaspé (1965-1968).

Mgr Jean-Marie Fortier, sixième évêque et troisième archevêque de Sherbrooke

Dès son arrivée à Sherbrooke en 1968, Mgr Fortier s’implique dans de multiples organismes. Il a été consulteur des Congrès eucharistiques internationaux (1969-1984), vice-président (1971-1973), puis président (1973-1975) de la Conférence des évêques catholiques du Canada. Plus tard, ce dernier a été le vice-président de l’Assemblée des évêques du Québec (1981-1985), puis le président de cette même assemblée (1985-1989). Dans le but d’aider le plus grand nombre de gens possible, Mgr Fortier a contribué à la mise sur pied de différents organismes diocésains comme l’Office des communications sociales ou le Service de la condition des femmes en Église.

Mgr Jean-Marie Fortier assis sur la cathèdre dans la chapelle de l’Archevêché, Photographe: [Paul Lindell], [198-], APA659.039

Au cours de son épiscopat, Mgr Fortier doit composer avec les difficultés financières des églises et la diminution des prêtres, l’obligeant à commencer une réorganisation des paroisses dans le diocèse. Ainsi, les paroisses de La-Résurrection-du-Christ de Rock Forest (1980) et de Saint-François d’Assise de Sherbrooke (1987) ont vu le jour, alors que d’autres, comme celles de Saint-Herménégilde et de Saint-Edwige (1968), ont dû fermer pour ensuite être fusionnées à une autre paroisse. La conséquence la plus visible de la baisse du recrutement des prêtres a été la fermeture et la vente du Grand Séminaire des Saints-Apôtres en 1972. Depuis 1939, cet établissement avait pour mandat de former les futurs prêtres du diocèse. Cependant, dès l’année 1968, les aspirants prêtres suivaient les cours dispensés à la Faculté de théologie de l’Université de Sherbrooke.

Vers la fin de son épiscopat, Mgr Fortier met en place un synode diocésain. Les objectifs de ce dernier étaient de connaître les enjeux, les défis et les besoins actuels et futurs de l’Église de Sherbrooke. Pour ce faire, les responsables du synode ont élaboré un questionnaire remis à tous les fidèles du diocèse. Au terme du dépouillement des réponses obtenues, douze thèmes ont été retenus pour les séances de discussion. Ce synode a permis à l’administration diocésaine d’identifier ses lacunes, dont notamment la nécessité de revoir la pratique de l’évangélisation pour l’orienter vers un dialogue ouvert vers l’autre.

« Mgr Fortier est un homme digne dont l’œuvre pastorale demeure une histoire de cœur et de tendresse. [..] Tous se sentent écoutés, compris et aimés. […] Tout semble simple et cordial. Son accueil, sa confiance dans les autres et sa bonté sont une grande inspiration. »

Extrait de l’ouvrage Une Église entre lacs et montagnes: Archidiocèse de Sherbrooke, 1874-2010, p. 113.

En 1996, cet homme, âgé de 76 ans, tire sa révérence de son poste d’archevêque de Sherbrooke, avec l’accord de pape. Il se retire à l’archevêché de Québec. C’est Mgr André Gaumond qui lui succède. Mgr Fortier s’éteint, à Québec, le 31 octobre 2002.

Un orateur hors pair

Les nombreux témoignages concernant Mgr Fortier démontrent qu’il a été un homme apprécié de tous. Il était chaleureux, cultivé, ouvert d’esprit et quelque peu farceur. Travailleur acharné, il entreprenait toutes ses tâches avec bonté et honnêteté tout en faisant preuve de discernement. Cet homme d’Église maitrisait l’art de la diplomatie. Aussi, ce dernier était un très bon écrivain, orateur, communicateur et même chanteur. Les gens aimaient l’écouter. D’ailleurs, le 13 juin 1993 au Palais des Sports de Sherbrooke, un vibrant hommage commun s’est déroulé à l’intention du troisième archevêque du diocèse. Cet événement s’est déroulé sous le regard de 3 000 diocésains, assis dans les estrades. Cela démontre l’affection et l’estime que la population éprouvait pour cet homme. D’ailleurs, ce dernier faisait preuve d’une grande patience et d’une confiance envers les autres en plus d’être compréhensif et accueillant à leur égard.

« C’est beaucoup le sentiment qu’éprouvent les Sherbrookois envers leur évêque après 25 années de présence chez eux : ils l’aiment comme on aime un père, pour ses qualités de père, pour son cœur de père. »

La Tribune (Sherbrooke), 12 juin 1993 tiré du fond P1009/6.3.2
Mgr Jean-Marie Fortier près de la plaque toponymique portant son nom, 1996, APA2255.021

Mgr Jean-Marie Fortier dans la toponymie

Dans le paysage sherbrookois, le boulevard Monseigneur-Fortier est nommé en l’honneur du sixième évêque et du troisième archevêque de Sherbrooke. Fait intéressant : le boulevard était encore au stade de projet lorsqu’il a été annoncé qu’il porterait le nom de Monseigneur-Fortier.

« L’évêque laissera un puissant souvenir de sa présence à Sherbrooke. La Ville de Sherbrooke, révélait mardi [18 juin 1996] le maire Jean Perrault, a résolu d’immortaliser son passage en baptisant de son nom une artère. Le futur boulevard Monseigneur Fortier rappellera à tous la personnalité attachante et l’œuvre de ce Citoyen d’honneur de la Ville de Sherbrooke et de Grand Estrien. »

Pierre-Yvon Bégin, « De bien grands souliers », La Tribune (Sherbrooke), 20 juin 1996.

C’est le 20 mai 2005 que cette nomination a été officialisée. Ce boulevard, situé entre le boulevard Lionel-Groulx et le chemin Georges-Vallières, permet notamment d’accéder au Plateau Saint-Joseph.

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Joanie Lavoie, Bénévole au Centre d’archives Mgr-Antoine-Racine

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Références

Archevêché de Sherbrooke.  Obituaire du clergé 1994-2003. Sherbrooke, Archevêché de Sherbrooke, 2005, p. 318-319.

Baril, Gilles, dir. Une Église entre lacs et montagnes: Archidiocèse de Sherbrooke, 1874-2010. Sherbrooke, Québec, Corporation archiépiscopale catholique romaine de Sherbrooke, 2010, p. 112-120.

Bégin, Pierre-Yvon. « De bien grands souliers ». La Tribune (Sherbrooke), 87e année, No 104, 20 juin 1996, p. A6

Centre d’archives Mgr-Antoine-Racine. P1009/6.3.2, Fonds Jean-Marie Fortier.

Centre d’archives Mgr- Antoine- Racine. « Hommage à Mgr Fortier pour son 50e anniversaire de sacerdoce, messe du 12 juin 1994. » [enregistrement vidéo], AVO80.001, Fonds Jean-Marie Fortier.

Centre d’archives Mgr- Antoine- Racine. « Hommage à Mgr Fortier pour son 50e anniversaire de sacerdoce, banquet du 12 juin 1994. » [enregistrement vidéo], AVO80.002, Fonds Jean-Marie Fortier.

Gouvernement du Québec. Commission de toponymie, Boulevard Monseigneur-Fortier,[site Web], 2012. Consulté le 1er juin 2021. < https://toponymie.gouv.qc.ca/ct/ToposWeb/Fiche.aspx?no_seq=389680 >.

Ville de Sherbrooke. Vie municipale [site Web], 2020. Consulté le 7 avril 2021. <https://www.sherbrooke.ca/fr/vie-municipale/planification-et-amenagement-du-territoire/toponymie >.