par Serge Patry, étudiant au Baccalauréat en histoire de l’Université de Sherbrooke
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Au 19e siècle, plusieurs séminaires se font une gloire d’avoir leur musée et le Séminaire Saint-Charles Borromée de Sherbrooke (SSCB) ne fait pas exception. Dès sa fondation en 1875, le SSCB reçoit en cadeau des articles de toutes sortes pour les besoins de l’enseignement, notamment des livres, des photographies, des bêtes sauvages empaillées, venant encombrer la bibliothèque et quelques corridors dans l’institution. Les autorités du Séminaire prennent conscience de toutes ces curiosités amassées et se figurent que ce serait une belle occasion d’entreprendre officiellement la création d’un musée. En 1893, l’abbé Pierre-Achille Bégin, professeur de sciences, décide de prendre les choses en main. Pour ce faire, il crée la Société d’histoire naturelle du Séminaire Saint-Charles Borromée afin d’aider à propager et à vulgariser l’étude des sciences naturelles, plaçant ainsi les collections au cœur de l’enseignement. Avec les années, le musée prend de l’importance grâce entre autres à des dons et à la récupération d’éléments d’autres institutions qui ferment leurs portes ou changent d’orientation. Au tournant du 20e siècle, l’abbé Bégin initie un jeune étudiant, Léon Marcotte, à la muséologie et l’invite à participer à son projet. Ainsi, avant même d’être ordonné, Marcotte prend en charge le musée en 1900 qui occupe à l’époque une seule pièce. Il connait alors un essor considérable, atteignant l’envergure qu’on lui connait aujourd’hui.
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Joseph-Achille-Léon Marcotte (1882-1969) passa la grande partie de sa vie au SSCB. Entré à l’âge de 12 ans comme étudiant, il fait ses études en théologie et devient professeur la même année de son ordination en 1905. Il enseigne plusieurs matières, tout d’abord la versification, puis la chimie et les sciences naturelles, pour finalement se consacrer entièrement à la gestion du Musée du Séminaire à partir de 1950. Il s’aventure en terrain connu, car il occupe la fonction de conservateur à temps partiel depuis 1900, en parallèle de son poste de professeur ainsi que de directeur des élèves (1912-1915) et de maître de la discipline. Possédant personnellement une imposante bibliothèque pouvant faire l’envie de nombreux bibliophiles, il développe une belle réputation dans les milieux scientifiques, artistiques et littéraires de la province. Grand voyageur et toujours en quête de sources d’inspiration, il sillonne l’Europe à quelques reprises et visite les grands musées américains. Il doit abandonner son poste de conservateur en 1964, touché sévèrement par la maladie. Son décès survient en 1969 et il est inhumé dans la crypte du Séminaire.
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Le chanoine Marcotte ne compte pas ses heures pour développer le musée à la fois pour les besoins de l’enseignement ainsi que pour faire connaitre à la population les collections de toutes sortes accumulées au fil des ans. Spécialiste des sciences naturelles, il réunit une des plus complètes collections d’oiseaux du Québec ainsi que nombreux spécimens appartenant à la faune et la flore de la province. De même, il expose un grand nombre d’éléments appartenant à l’histoire régionale, et les très belles collections de timbres et de monnaies appartenant au Séminaire. Plusieurs membres du clergé de la région de Sherbrooke collaborent par leurs dons à la croissance de ces collections et à l’évolution du musée. Par exemple, Mgr Edmond-Charles Tanguay fait don d’un vison qui s’était introduit dans sa chambre au SSCB. De même, l’abbé François-Napoléon Séguin, curé à la paroisse Saint-Edmond de Coaticook, laisse par testament une collection de 160 animaux naturalisés. Quand la maladie frappe le chanoine Marcotte, il n’y a personne pour le remplacer et le musée ferme ses portes pour ne rouvrir qu’en 1973, gérée par une nouvelle corporation qui prendra le nom de Musée de la nature et des sciences en 2002. Durant près de 60 ans, le chanoine Léon Marcotte se donne corps et âme à son développement, et à son décès, le Musée du Séminaire possède plus de 45 000 objets et spécimens dans les domaines des sciences naturelles, des beaux-arts, de la numismatique et de la philatélie.
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Références :
« Influence des communautés religieuses dans le développement des collections du Musée de la nature et des sciences », Sans Réserve – Bulletin d’information sur les collections du Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke, no 5, février 2018, consulté le 15 mars 2022, https://mns2.ca/wp-content/uploads/2018/03/Influence-des-communaute%CC%81s-religieuses-2.pdf
« M. le chanoine Léon Marcotte : Célébration du 60e anniversaire de prêtrise en ’65 », La Tribune, 29 décembre 1964, p. 2, sur le site BAnQ, consulté le 15 mars 2022, https://diffusion.banq.qc.ca/pdfjs-1.6.210-dist_banq/web/pdf.php/XN6F-q-77ZGAq2R271BGNg.pdf#page=2
Nault Michel. Le Séminaire Saint-Charles-Borromée de Sherbrooke : 1875-1968. Séminaire de Sherbrooke, 2015, p. 74-75, 102.
Obituaire du clergé 1874-1993, Archidiocèse de Sherbrooke, p. 133
Pelletier Sylvie. « La constitution de collections et l’enseignement classique au Québec : le cas du Musée du Séminaire de Sherbrooke », consulté le 15 mars 2022, https://www.etrc.ca/wp-content/uploads/2016/12/JETS_04-5-Pelletier.pdf
VEILLEUX, Joseph. « In memoriam, Monsieur le chanoine Léon Marcotte, 1882-1969 ». Le Borroméen, vol. XXXVIII, no 3, mars 1969. p. 1-5